Quelle évolution pour le prix du fioul en mars ?
Corrélé aux cours du pétrole, le prix du fioul a fortement augmenté en mars, surtout au début du mois, en réaction au déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février. Avant même l’invasion russe, le contexte était déjà tendu : la demande en or noir était en forte augmentation. Analyse.
Le prix du fioul était déjà à la hausse en février. La tendance a fait plus que se confirmer en mars.
Comment ont évolué les prix du fioul en mars ?
Le prix du fioul a connu un mois de mars mouvementé ! La semaine du 28 février au vendredi 4 mars, son prix moyen s’élevait à 1486 euros les 1000 litres. La dernière semaine de mars, ce prix était de 1603 euros (il est ensuite redescendu à 1481 euros la semaine du 28 mars au 1er avril). Courant mars, le prix du fioul a atteint des sommets : 1754 euros la semaine du 7 au 11 mars, avant de redescendre assez rapidement. Si les prix de la première et de la dernière semaines de mars semblent raisonnables en comparaison du pic de la deuxième semaine, ils s’avèrent déjà très élevés. Rappelons que la première semaine de janvier 2022, le prix moyen du fioul, en France, était de 1060 euros les 1000 litres. Il y a un an, la semaine du 29 mars au 2 avril 2021, il ne s'élevait qu'à 843 euros, soit à peine plus de la moitié du prix actuel.
Pourquoi le prix du fioul a-t-il autant augmenté ?
Pourquoi le prix du fioul est-il aussi élevé et instable ? Pour bien comprendre ce phénomène, il faut regarder les cours du pétrole. En effet, le prix du fioul est toujours corrélé à celui de l’or noir, qui a connu une très forte hausse avec la guerre en Ukraine. Ainsi, le 6 mars, le baril de Brent de la mer du Nord a atteint des records quasi absolus à près de 140 dollars le baril, alors que le 1er mars, il était à 108 dollars, au même niveau, globalement, que le 31 mars. Le baril de WTI américain a suivi la même tendance.
Pourquoi ? Car une part non négligeable des hydrocarbures (et du gaz) importés en Europe provient de Russie. La Russie est même le deuxième plus gros producteur et exportateur mondial de pétrole derrière l’Arabie Saoudite. Or, les marchés craignent une pénurie en provenance de Moscou. En effet, la communauté internationale a choisi de sanctionner l’invasion russe via différentes salves de fortes sanctions économiques. Certains pays ont déjà choisi de limiter leurs importations de pétrole russe – en revanche, les 27 membres de l’Union européenne n’ont toujours pas trouvé d’accord sur un embargo commun.
Le prix du fioul a eu tendance à baisser sur la deuxième moitié du mois de mars en raison des lueurs d’espoirs venues d’Ukraine. Certains ont espéré une désescalade du conflit grâce à des pourparlers entre Moscou et Kiev. Finalement, aucune avancée vraiment significative n’a été enregistrée. Le repli de la fin du mois de mars s’explique également par la résurgence de la pandémie de Covid en Chine et du confinement partiel de Shanghai. Quoi qu’il en soit, les cours restent très volatiles.
Cours du pétrole : un contexte déjà tendu
Les prix du fioul et du pétrole avaient déjà fortement augmenté en 2021. Aussi, avant même que ne débute la guerre en Ukraine, qui a donc fait monter en flèche les cours du pétrole, le contexte était propice à des prix très élevés :
- La demande mondiale en pétrole est très forte : après deux ans marqués par la pandémie de Covid 19 et des restrictions diverses et variées dans tous les pays de la planète (confinements, restrictions de déplacements, couvre-feu, etc.), l’activité économique a fortement repris, ce qui a boosté la demandé en or noir.
- L’offre reste limitée : pour éviter que les cours de l’or noir ne dévissent, en 2020, avec la pandémie de Covid, l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) avait délibérément choisi de réduire drastiquement sa production. Depuis des mois, elle rouvre les vannes, mais de façon très progressive. De plus, les pays membres ont même du mal à tenir ces modestes objectifs car les installations pétrolières, qui n’ont pas toujours bénéficié des investissements nécessaires, ne peuvent pas augmenter autant que nécessaire leurs capacités de production.
Face à cette situation tendue, certaines actions sont menées pour essayer de faire baisser les prix. Les États-Unis et les autres membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont choisi de piocher dans leurs réserves stratégiques, afin d’augmenter l’offre.